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- Critique et essayiste français
- Né à Cherbourg le 12 novembre 1915
- Décédé à Paris le 26 mars 1980

ROLAND BARTHES

La sémiologie est la science des signes

Le mythe pour Barthes est un outil de l’idéologie

Barthes n’a pas arrêté de traquer et de combattre le pouvoir du langage institué. A travers son Å“uvre, Roland Barthes questionne l’histoire, la mode, la littérature, la publicité, la photographie, la peinture, le théâtre ..., pour en mettre à nu la structure et le sens. Le sujet barthésien réunit toujours trois niveaux, celui de la pensée, de l’imagination et de l’affect, les seuls qui garantissent la qualité de l’interprétation et son effet de vérité. Dans cet ouvrage, Barthes analyse avec un humour scientifique les mythes de la société française de l’époque. “On trouvera ici, écrit l’auteur dans sa préface, deux déterminations : d’une part une critique idéologique portant sur le langage de la culture dite de masse ; d’autre part un premier démontage sémiologique de ce langage : je venais de lire Saussure et j’en tirai la conviction qu’en traitant les “représentations collectives” comme des systèmes de signes on pouvait espérer sortir de la dénonciation pieuse et rendre compte en détail de la mystification qui transforme la nature petite-bourgeoise en nature universelle.” “Le mythe est une parole”, affirme Barthes, mais pas n’importe laquelle. C’est un système de communication, c’est un message lié à une certaine société dans un moment bien précis de son histoire. Pour étudier le mythe qui est un message, la linguistique (science qui a pour objet “la langue envisagée en elle-même et pour elle-même”, Saussure) ne suffit pas, c’est plutôt la sémiologie, science générale des signes, linguistiques ou pas, qui viendra en aide. La sémiologie que le linguiste Ferdinand de Saussure avait postulée, une quarantaine d’années auparavant, est en train de se constituer en cette fin des années cinquante. Le problème central de la sémiologie est justement celui de la signification à laquelle reviennent aussi d’autres disciplines comme la psychanalyse et le structuralisme.

Saussure, sur lequel s’appuie Barthes, a travaillé uniquement sur un système sémiologique, la langue. Pour ce dernier le signe linguistique, le mot, est constitué de la double articulation signifiant (image sonore) et signifié (concept, sens véhiculé par le signe). Or, dans le signe mythologique, qui peut être une parole, mais aussi une image, un objet, une publicité, etc., à la relation signifiant/signifié s’ajoute un troisième terme qui est la signification. “Le mot est ici d’autant mieux justifié, que le mythe a justement une double fonction : il désigne et il notifie, il fait comprendre et il impose.” (Mythologies p. 202.) La dimension idéologique est au cÅ“ur du mythe, mythologie rime avec idéologie, norme petite-bourgeoise, que les Mythologies, d’orientation marxiste, dénoncent avec ironie.

Comme le souligne Barthes, les matières de la parole mythique (langue proprement dite, photographie, peinture, affiche, rite, objet, etc.) sont, dans le discours mythologique, comme décalées d’un cran par rapport à leur première signification, et introduites dans un système de sens où elles acquièrent une autre valeur. Pour souligner l’éphémère d’un tel système qui veut montrer à l’homme du commun comme naturel ce qui est le fruit de l’idéologie, il ajoute qu’il n’y a aucune fixité dans les concepts mythiques car ils peuvent se faire, s’altérer, se défaire, disparaître complètement. Avec une subtile acuité dans l’observation et dans l’analyse de l’ensemble de signes qui concourent à établir une ou plusieurs significations dans un mythe donné, Barthes traverse un certain nombre de mythes dont se nourrissait l’actualité de la fin des années cinquante.


LES CITATIONS

- La France est atteinte d’une surproduction de gens à diplômes, polytechniciens, économistes, philosophes et autres rêveurs qui ont perdu tout contact avec le monde réel.

- Ce que le public réclame, c’est l’image de la passion, non la passion elle-même.

- L’automobile est un équivalent assez exact des cathédrales gothiques.


Le mythe est un langage Je ne sais si, comme dit le proverbe, les choses répétées plaisent, mais je crois que du moins elles signifient

Notre vie quotidienne se nourrit de mythes Les textes qui suivent on été écrits chque mois, pendt deux ans de 1954 à1956

J’essayais de réfléchir régulièrement sur qqs mythes de la vie quotidienne française. .. je voulais ressaisir dans l’exposition décorative de ce-qui-va-de-soi, l’abus idéologique qui, à mon sens , s’y trouve caché

le mythe est un langage Le monde où l’on catche La vérité emphatique du geste dans les grandes circonstances de la vie... Baudelaire

Le catch n’est pas un sport, c’est un spectacle Il s’agit donc d’une véritable comédie humaine

Le public se moque complètement de savoir si le combat est truqué ou non, il se confie à la première vertu du spectacle, qui est d’abolir tout mobile et toute conséquence : ce qui lui importe, ce n’est pas ce qu’il croit, c’est ce qu’il voit Dans chaque situation nouvelle, le corps du catcheur jette au public le divertissement merveilleux d’une humeur qui rejoint naturellement un geste Le catch est comme une écriture diacritique : au-dessus de la signification fondamentale de son corps.. F Ce que le public réclame, c’est l’image de la passion, non la passion elle-même. Ce qu’on attend, c’est la figuration intelligible de situations morales ordinairement secrètes Ce qui est ainsi livré au public c’est le gd spectacle de la douleur, de la défaite et de la justice

Le catch est le seul sport à donner une image aussi extérieure de la torture, seule l’image est dans le champ du jeu, et le spectateur ne souhaite pas la souffrance réelle du combattant, il goûte seulement la perfection d’une iconographie Le catcheur est comme crucifié en pleine lumière,

On a déjà noté qu’en Amérique le catch figure une sorte de combat mythologique entre le bien et le mal(le mauvais catcheur étant tjrs censé être un rouge)

Un catcheur peut irriter ou dégoûter, jamais il ne déçoit, car il accomplit tojrs jusqu’au bout, par une solidification progressive des signes, ce que le public attend de lui

L’acteur d’Harcourt En France, on n’est pas acteur si l’on n’a pas été photographié par les studios d’Harcourt . l’acteur d’Harcourt est un dieu

Marcher est peut-être -mythologiquement- le geste le plus trivial, donc le plus humain. Tout rêve, toute image idéale, toute promotion sociale suppriment d’abord les jambes, que ce soit par le portrait ou par l’auto) Réduites à un visage, à des épaules, à des cheveux, les actrices témoignent ainsi de la vertueuse irréalité de leur sexe.. en quoi elles sont à la ville manifestement des anges, apèrs avoir été sur scène des amantes, des mères, des garces et des soubrettes Les hommes affichent leur virilité par qque attribut citadin, une pipe, un chien, des lunettes, une cheminée èaccoudoir, objets triviaux mais nécessaires à l’expression de la masculinité,-pipe= plaisir Affection chien Infirmités les lunettes domicile terrestre la cheminée

Les romains au cinéma Les romains sont romains par le plus lisible des signes, le cheveu sur le front Autre signe, tous les visages suent sans discontinuer : hommes du peuple soldats, conspirateurs, tous baingent leurs traits austères et crispés dans un suintement abondant La sueur est signe de moralité Tout le monde sue parce que tout le monde débat quelque chose en lui-même de la tragédie, et c’est la sueur qui a charge d’en rendre compte : Suer c’est penser Penser est une opération violente, cataclysmique, dont la sueur est le moindre signe

L’écrivain en vacances Les vacances sont un fait social récent, elles sont devenues depuis les congés payés, un fait prolétarien, du moins laborieux Il est très naturel que l’écrivain écrive toujrs, en toutes situations L’écrivain est la proie d’un dieu intérieur qui parle en tous moments Les écrivains sont en vacances mais leur Muse veille, et accouche sans désemparer Contrairement aux autres travailleurs qui changent d’essence, et ne sont plus sur la plage que des estivants, l’écrivain, lui , garde partout sa nature d’écrivain ;

La croisière du sang bleu (marie Antoinette jouant à la laitière Puisque l’on s’amuse d’une contradiction, c’est qu’on en suppose les termes fort éloignés : Autrement dit, les rois sont d’une essence surhumaine, et lorsqu’ils empruntent temporairement certaines formes de vie démocratique, il ne peut s’agir que d’une incarnation contre nature, possible seulement par condescendance.Afficher que les rois sont capables de prosaïsme, c’est reconnaître que ce statut ne leur est pas plus naturel que l’angélisme au commun des mortel, c’est constater que le roi est encore de droit divin Ainsi les gestes neutres de la vie quotidienne ont pris, sur l’Agamemnon, un caractère exorbitant d’audace, Les rois se rasent eux-mêmes ! ‘acte d’une singularité incroyable

Les rois sont définis par la pureté de leur race (le sang bleu)

Critique muette et aveugle « moi dont c’est le métier d’être intelligent, je n’y comprends rien ; or vous non plus vous n’y comprendriez rien ; donc, c’est que vous êtres aussi intelligents que moi » je ne comprends pas, donc vous êtes idiots »

saponides et détergents (les produits détergents n’ont aucune action nocive sur la peau liquides purificateurs(javel) poudres saponidées(lux, persil)ou détergentes(paic, omo) la légende implicite de ce genre de produit repose sur l’idée d’une modification violente, abrasive de la matière le produit « tue » la saleté=javel au contraire, les poudres sont des éléments séparateurs ; leur rôle idéal est de libérer l’objet de son imperfection circonstancielle : on « chasse »la saleté, on ne la tue plus. Dans l’imagerie Omo, la saleté est un petit ennemi malingre et noir qui s’enfuit à toutes jambes du beau linge pur, rien qu’à la menace du jugement d’Omo Les chlores et les ammoniacs sont sans aucun doute les délégués d’une sorte de feu total,sauveur mais aveugle Les poudres sont au contraire sélectives, elles poussent, conduisent la saleté à travers la trame de l’objet, elle sont une fonction de police, non de guerre. Cette distinction a ses répondants ethnographiques : le liquide chimique prolonge le geste de la lavandière battant son linge, et les poudres remplacent plutôt celui de la ménagère pressant et roulant la lessive le long du lavoir incliné La blancheur Persil fonde son prestige sur l’évidence d’un résultat : on met en mouvement la vanité, le paraître social,en donnant à comparer deux objets dont l’un est plus blanc que l’autre. Dire qu’Omo nettoie en profondeur c’est supposer que le linge est profond, ...ce qui est incontestablement le magnifier, l’établir comme un objet flatteur à ces obscures poussées d’enveloppement et de caresse qui sont dans tout corps humain

Saponides et détergents Qd à la mousse , sa signification de luxe est bien connue : d’abord, elle a une apparence d’inutilité : ensuite sa prolifération abondante, facile, infinie presque, laisse supposer dans la substance dont elle sort, un germe vigoureux ,une essence saine et puissante, une grande richesse d’éléments actifs sous un petit volume originel, enfin elle flatte chez le consommateur une imagination aérienne de la matière poursuivi comme un bonheur aussi bien dans l’ordre gustatif(foies gras, entremets, vins)que dans celui des vêtements(mousselines, tulles)et dans celui des savons(vedette prenant son bain)

Le pauvre et le prolétaire Or Charlot, conformément à l’idée de Brecht, montre sa cécité au public de telle sorte que le public voit à la fois l’aveugle et son spectacle : voir quelqu’un ne pas voir, c’est la meilleure façon de voir intensément ce qu’il ne voit pas : Ainsi au Guignol, ce sont les enfts qui dénoncent à Guignol ce qu’il feint de ne pas voir Martiens

Langue (nf)

Si le langage désigne la faculté humaine générale de construire des messages en assemblant des signes, la langue, elle, est un système particulier prescrivant les mots et leurs règles d’assemblage. On parle d’ailleurs toujours du langage, mais des langues).

La langue, selon la conception moderne introduite par Saussure, est donc une institution sociale. Elle constitue un système qui s’impose à ceux qui la parlent : chaque langue définit les signifiants qui doivent être employés pour être identifiés comme éléments de ce système, les signifiés avec leur valeur par rapport aux autres, les règles de composition des mots et des syntagmes entre eux ... et si l’on sait que toutes les langues évoluent, tous ces éléments du système sont néanmoins prescrits, à une époque donnée (en synchronie) à celui qui veut s’en servir. La langue, comme système, s’oppose ainsi à la parole, qui est l’usage, toujours individuel, qui en est fait.

Afin de pouvoir généraliser l’opposition saussurienne entre langue et parole à des modalités non-linguistiques, nous substituons à ces termes les notions de sémiotique générale de système de signes et de textes. Et nous définissons alors plus précisément la langue comme un système de signes à double articulation, à espace syntagmatique extérieur unidimensionnel. Ces propriétés définitoires permettent à la langue d’exprimer avec une grande économie de moyens tous les sens concevables (cf. dans ce glossaire, article Articulation), de faire porter n’importe quel prédicat sur n’importe quel sujet, c’est-à-dire de manipuler le sens à volonté. Le terme langue est habituellement réservé aux systèmes de signes verbaux, traditionnellement appelés langage articulé, mais il nous semble tout à fait légitime de l’appliquer également aux autres systèmes de signes présentant les mêmes propriétés, en particulier la langue des signes.

Parole (nf)

Selon Saussure (1916, Introduction, chap. III), la parole est l’acte individuel du sujet parlant, qui utilise le code de la langue pour manifester une pensée au moyen de mécanismes psycho-physiques. En synchronie, la parole est sujette à la langue, car aucun locuteur ne peut se permettre d’ignorer les lois de celle-ci (autrement il ne se ferait pas comprendre). En diachronie en revanche, la parole conditionne la langue : ce sont en effet les accumulations d’innovations individuelles, nées dans la parole et basculant à la longue dans l’usage commun, qui font évoluer le système entier.

C’est ce qui permet à Saussure de définir la langue comme « un trésor déposé par la pratique de la parole dans les sujets appartenant à une même communauté, un système grammatical existant virtuellement dans chaque cerveau, ou plus exactement dans les cerveaux d’un ensemble d’individus ; car la langue n’est complète dans aucun, elle n’existe parfaitement que dans la masse. » (ibid.)

Une difficulté de l’extension de cette interdépendance si caractéristique entre langue et parole à la sémiologie est, comme l’a justement souligné Barthes (1985, §I.2.6), liée au fait que dans beaucoup de systèmes de signes non-linguistiques, il n’y a pas véritablement de masse parlante homogène, mais plutôt une masse réceptrice, uniquement passive, d’un côté, et un groupe créateur et normalisateur, plus ou moins élitiste, de l’autre. Cette difficulté se retrouve très exactement dans les langages d’icônes qui sont notre objet d’étude (l’auteur, 1999, chap. 5).

Glossaire de sémiotique

La sémiologie : La sémiologie ou sémiotique étudie les conditions dans lesquelles des signes produisent du sens. Un signe peut être un événementun texte, un dessin, un objet

ps: Source : Evelyne

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